Autour de la cité
Quand on s’arrête devant un paysage, c’est pour y promener son regard en toute liberté. Les points où l’on pose les yeux ne sont que des moments de repos au cours de ce parcours.
L’important, pour bien regarder un paysage, est de fermer les yeux suffisamment longtemps : les images sur lesquelles on vient à peine de se reposer s’impriment alors au fond de la rétine. Avec un peu d’attention, on remarquera qu’elles se détachent de leur point d’origine pour se promener en nous. Elles se déplacent pour aller se fondre dans des images issues de notre mémoire ou de notre invention.
Rien ne se fixe jamais en nous : les cellules qui composent notre œil se régénèrent tout au long de notre vie, et chaque nouvelle image qui entre en nous n’a d’autre but que d’aller se nourrir d’une plus ancienne.
Mais ne nous attardons pas trop sur les images; car seul compte – dans notre observation du monde – le fait de sentir nos yeux bouger dans notre visage. Sans ce mouvement, nous serions toujours, traits pour traits, génération après génération, à l’image du premier homme découvrant son horizon.





